IRIONS-NOUS VERS LA FIN DES GENERATIONS ?

Les manifestations qui ont mobilisé la jeunesse en de nombreux endroits du monde nous conduisent à légitimement nous interroger : est-on certains que la notion de génération perdure et soit demain, encore utilisée à bon escient comme moyen de structurer la société ?
Et si les générations, concept fréquemment associé à celui de « conflit de générations » ou de « solidarité intergénérationnelle » étaient en train de disparaître ? Et si les différences de génération s’estompaient à n’exister qu’à la seule différence mathématique de l’âge ?
C’est un sujet excitant, tant il a pu nourrir d’analyses sur l’évolution du monde.
Cette tendance est-elle véritable, contrôlable, vérifiable ?
Pour tenter de répondre à ces questions, il suffit simplement de lister les facteurs qui peuvent favoriser cette disparition des générations, ils sont nombreux et tendent à confirmer le constat. Si c’était le cas, comme une donnée sur le long terme, cela ouvrirait la perspective de modifications sensibles des relations sociales, un champ qu’il conviendrai d’utiliser pour résoudre nombre de difficultés éprouvées aujourd’hui par certains dans toutes les tranches d’âge.
Paradoxalement, les générations s’estompent avec l’augmentation de la durée de vie.
Plus on gagne du temps de vie, du temps de vie en bonne santé, plus le poids s’élève pour la collectivité. Ainsi, les jeunes participent de plus en plus aux charges de vie des plus âgés, mais aussi à leurs charges de santé. Plus la durée de vie augmente, plus le poids des retraites pèse sur la société. C’est pourquoi, les plus âgés devraient être naturellement et de facto plus solidaires, intéressés par la vie active des plus jeunes, producteurs de richesses. Plus les plus jeunes produisent de la valeur, plus une part de cette richesse leur bénéficiera. C’est ainsi que les plus âgés ont intérêt à voir les plus jeunes, mieux formés, mieux armés pour entrer dans la vie active. Les plus âgés doivent donc porter un regard, voir contribuer à la formation, à la transmission d’expérience, à l’aptitude des plus jeunes à détenir un métier. Ce comportement solidaire, via la transmission du savoir, voire de l’expérience, du patrimoine économique estompent les générations ; Ainsi, lorsqu’un entrepreneur, un Artisan, un commerçant décident de cesser leur activité, il est essentiel que son patrimoine d’entreprise soit transmis, qu’il perdure.
Les générations s’estompent à travers la gestion du bien commun
C’est enfin scientifiquement démontré : la préservation de l’environnement contribue à la prolongation de la durée de vie. C’est un des facteurs de diminution de certaines pathologies liées à l’âge. Plus on vieillit, plus on a intérêt à vivre dans un environnement préservé. En ce sens, les anciens sont proches et solidaires des tranches d’âge les plus jeunes.
Préserver l’avenir de la planète favorise la vie en bonne santé à plus court terme. La préservation de l’environnement devrait favoriser le rapprochement des âges, chacun devrait y contribuer à son niveau
Les générations s’estompent en concentrant leur regard vers le futur.
Si le regard vers le passé est de nature à diviser, en fonction de l’intérêt que l’on lui porte ou de son interprétation, celui qui porte sur le futur rapproche. Si autrefois, un retraité pouvait après une longue vie de labeur, décider de se reposer, voire de profiter du temps qui passe, il s’avère aujourd’hui – à nouveau- scientifiquement démontré que demeurer actif, avec soucis, projets, enjeux, état de nature à préserver, voir prolonger des qualités intellectuelles. Or, il est évident que ceci contribue, même pour les anciens à porter leur regard sur le futur. Qui rencontrent-ils sur cette route, devant eux : les générations qui suivent, bien entendu. Le regard vers le futur élimine un point de différence générationnelle de plus !
Les générations s’estompent à l’usage du numérique
Aujourd’hui, l’accès libre et sans limite de l’information, du savoir contribue à la fin des générations. Si autrefois, les sources de la culture étaient sélectives, soit pas les origines, soit par les sources, ce n’est plus de cas ; Un adolescent, passionné d’astronomie peut de donner à fond dans la recherche de l’univers. L ‘acquisition des connaissances dans sa passion sera sans limites, il aura accès à tout, et à tous, il bénéficiera des savoir acquis, mais pourra aussi communiquer avec les autres, Las anciens, les aînés. Il pourra participer à des recherches. Son âge ne sera plus discriminant. Au contraire du rejet, il sera pris au sérieux par sa créativité, l’originalité de ses approches, il sera donc recherché. Il sera stimulé et stimulera à son tour.
Les générations s’estompent face à la gestion de l’argent public.
Les plus âgés disposant du temps pour s’accomplir, ils devraient favoriser les investissements, ceux que l’on entreprend pour le long terme. A nouveau, cet acte de préparation du futur, de recherche des nouvelles solutions face aux défis auxquels nous sommes confrontés va contribuer à l’effacement des générations, car toutes réunies, elles ont intérêt à ce que l’argent public génère des solutions pérennes. Nous nous trouvons à nouveau sur un terrain de convergence qui efface les générations.
Les générations s’estompent par le comportement .
Lorsque l’on se rend à un concert, il n’est pas rare de voir, parmi les spectateurs, se réunir 2, voire 3 générations. Ceci pour assister à la production d’un groupe qui, il y a quelques années, était l’apanage des plus anciens. L’idole des 15/25, le symbole des jeunes, des ados, est aujourd’hui souvent le point de convergence, entre plusieurs générations qui pouvaient autrefois les diviser, le signe de clivage d’autrefois, devient signe de ralliement.
Les comportements franchissent la frontière de l’âge. Ces comportements communs à plusieurs générations estompent les différences. Prenons un exemple, celui de la vie de couple. De plus en plus de couples se reforment tardivement. Le mariage ou la vie en concubinage ne sont plus le propre des générations les plus jeunes. La recherche de l’âme sœur, n’est plus exclusive à la jeune génération. Jeunes et vieux sont surpris à tchater sur leur Smartphone. Léa, la petite fille de 13 ans remarquant la fréquence de sa grand-mère à échanger sur son IPhone lui dira « Dis donc, il n’y a pas que les jeunes qui tchatent aujourd’hui ! ». En apercevant le portrait d’un homme flotter sur son écran, elle demandera : « C’est qui ? » en souriant.
Si certains esprits chagrins, voir soucieux de différences n’apprécient pas ce qui précède, il va peut-être leur falloir trouver d’autres terrains de segmentation. Qu’ils se rassurent, si l’âge ne différencie plus comme auparavant, il demeurera à l’homme cette différenciation en propre qui le caractérise et demeure invariablement : l’individu. A tout âge !