Appel en faveur de la création de l’Indice Universel d’Initiatives Solidaires

La solidarité est souvent l’objet d’évocations émotionnelles. Or, il existe probablement une autre forme pour évaluer les relations sociales : celui d’attribuer une valeur rationnelle à la solidarité. Une valeur universelle, constante, reconnue officiellement !
Souvent source d’admiration, de reconnaissance, de soutien, de considération, la solidarité est largement évoquée en terme de valeurs humaines, celles que l’on partage, plus ou moins fortement, selon les cas, que l’on évalue, et estime en tout cas, et auxquelles on fait appel, pour gagner des batailles, des compétitions, contribuer à sortir une personne, une famille, un groupe, des difficultés, voire sauver des vies.
-
Pourquoi ne pas attribuer à la solidarité une valeur indiciaire ?
-
Pourquoi ne pas considérer cet indice comme un élément d’appréciation d’une société spécifique, de sa maturité, de son évolution, et de sa position par rapport aux autres ?
Le but de ce qui suit :
- Constituer un argumentaire en la faveur de la création d’un Indice des Initiatives Solidaires, comme étant un nouvel enjeu d’une mondialisation positive.
- Valoriser la Solidarité, en déterminer le niveau, sachant que les enjeux sociétaux qui y sont rattachés constituent certainement un des challenges les plus audacieux des années futures.
Nous évaluons les pays, les régions, les villes sur des critères économiques, le PIB, le PIB per Capita, la productivité. Nous avons même créé un Indice du Bonheur ! Mais nous ne quantifions pas ce qui constitue, en particulier pour les pays en voie de développement, les pays les plus pauvres, un moteur de la vie sociale, créateur de valeurs ajoutées si significatives.
L’Initiative Solidaire est créatrice nette de valeurs
Exemple n°1 :
Cet univers est celui de Louise Chambers. Elle est veuve. Retraitée depuis 15 ans. Après une carrière d’enseignante. Louise a décidé de faire du soutien scolaire auprès des enfants de ses voisins. De 8 à 18 ans. Ils se bousculent à la porte de Louise. Selon leur humeur. Leurs difficultés. Leurs objectifs. Ces élèves se rendent chez Louise comme s’ils allaient au stade. Avec enthousiasme. Alors qu’à l’école, ils s’y rendaient en traînant les pieds. Depuis qu’ils fréquentent Louise. Leurs notes ont franchi des bonds extraordinaires. D’autres ont réussi leurs examens. Certains ont choisi l’apprentissage et y réussissent. Comment s’y est-elle prise Louise pour transformer ces jeunes ? Elle a simplement inventé des jeux. Une pédagogie basée sur le plaisir. Avec des instruments simples. Avec une tablette elle leur a appris à s’en servir de façon intelligente. Créative. Imaginative. Et cela fonctionne. A son niveau. Louise a créé de l’Innovation Sociale.
Questions à propos de l’initiative de Louise Chambers:
-
Cette initiative solidaire est-elle valorisée ?
-
Figure-t-elle dans un écrit avec une valeur en face ?
Absolument pas ! Or, Louise, par son imagination, sa solidarité, sa ténacité a créé de la valeur sociale. Elle est reconnue par son environnement. Elle est reconnue par ceux qui ont bénéficié de son soutien. Elle est reconnaissable par les faits des étudiants qui ont réussi grâce à elle. Autre interrogation :
-
Dans la réussite de ces jeunes. Quelle est la part due à l’école publique ? Quelle est la part due à Louise ?
Tentatives de Réponses : il est probable que si certains de ces jeunes ont socialement progressé par rapport à leurs parents, la réussite sera attribuée en totalité à l’école publique au titre de l’égalité des chances offerte par l’Ecole Républicaine. Ces jeunes figureront comme des milliers d’autres au titre de la progression sociale. Quelle part sera attribuée à Louise ? Rien. Aucune statistique. Aucun chiffre. Aucun événement ne marquera son existence. Pourquoi. Parce que l’initiative solidaire, la création de valeur sociale, l’initiative sociale ne sont pas reconnus et ne font l’objet d’aucune statistique ou valorisation. Et si l’on accepte l’idée qu’il existe des milliers de « Louise », et que chacun ou chacune d’entre elles ou d’entre eux sont créateurs de valeurs sociale. On imagine aisément ce que nos sociétés occultent.
Exemple n°2 :


Nous sommes de l’autre côté de l’Atlantique. Plus précisément à l’île de Grenada. Cette île du sud de l’Arc des Caraïbes ne brille pas par ses performances sociales, le nombre de chômeurs y est élevé, le PIB par habitant est faible. Malgré cela, Grenade, île de 105.000 habitants dispose d’une faculté de médecine et vétérinaire initiée par des fonds américains privés avec en son sein 900 étudiants. Elle a formé depuis sa création 15000 médecins et vétérinaires. En avril dernier, toute l’université s’est déplacée dans l’un des villages de l’île pour effectuer des consultations médicales et vétérinaires. Durant cette journée, des centaines de patients et d’animaux ont consulté. Cet événement a lieu régulièrement. Il a légitimement été repris par les médias locaux. Cette journée a été l’occasion de détecter des pathologies, de lancer des traitements auprès de populations qui ne disposent pas des moyens de consulter un médecin, qui ne disposent même pas de moyen de transport pour se rendre en consultation à l’hôpital.
Questions :
Cet événement a-t-il fait l’objet d’une tentative de valorisation ? Aucune ! Combien de dollars Caraïbéens le travail des médecins, étudiants, vétérinaires, ont-ils fait économiser ?
Il est bien un univers qui manque de soutiens et de valorisation, c’est celui de l’initiative solidaire.
Dans un monde ou les états, les institutions, voient leurs moyens réduits, ou leur efficacité est quelque fois contestée. Il est un univers d’innovation qui devrait faire l’objet d’un soutien et d’une valorisation inconditionnelle : L’innovation Sociale .
Il serait décisif de mettre en place un indice d’évaluation et de mesure des Initiatives solidaires d’un pays.
Pourquoi ?
- Mais simplement parce que ces initiatives sont productrices de valeur.
- Que ces valeurs contribuent à la progression, à la qualité de vie, à l’éducation d’un pays.
- Mais surtout, parce que très souvent, des pays qui ne disposent pas d’indices économiques standard tels le PIB très positifs, en réalité, pourraient avoir des indices d’initiative solidaire extrêmement performants. Et ces Indices sont des signaux évidents d’une maturité, d’un dynamisme qu’il soit individuel ou collectif d’un pays, d’une ville, où d’une région.
- Ces informations sont des indicateurs d’une forme de maturité d’une société : la maturité sociale, la capacité des citoyens à se prendre en charge à gérer leur propre destin.
- A une époque où la réduction des déficits publiques conduit à la réduction des budgets sociaux, à une époque où les organisations publiques perdent en pertinence, voire en performance, on peut imaginer que des citoyens prenant en charge des initiatives sociales sont de nature à compenser, ou à compléter les manques publics !
L’Indice Universel des Solidarités,
le stimulateur d’énergie collective d’un pays.
On imagine qu’une fois cet indice créé, reconnu, ce dernier sera sans nul doute un stimulus pour innover, inventer, développer des valeurs sociales. Ceci serait particulièrement le cas, dans les pays où régions où il existe un réel déficit d’action publique. Les citoyens disposeront d’un outil de valorisation de leur action. On assistera probablement à l’émergence de nouveaux concepts, nouveaux moyens d’action.
Un indice créateur d’une nouvelle compétition : pays riches et pays pauvres sur la même ligne de départ.
Sans considérer que la solidarité sociale est l’apanage exclusif des pays pauvres, on peut toutefois affirmer que les pauvres, font souvent plus preuve de solidarité que les plus aisés. Il est évident que l’indice d’initiative sociale leur offrirait un tremplin de reconnaissance qui leur donnera un potentiel de reconnaissance. Cette considération à l’endroit des actions menées modifiera leur image, offrira un nouveau paysage à l’humanité avec un profil orienté plus conforme à la réalité de certains pays : « nous ne sommes pas les plus riches, mais sommes ceux qui créent des valeurs sociales les plus élevées ». Pris en considération, ces acteurs sociaux seront confortés, d’autres seront révélés et motivés d’agir. De nouvelles sources d’action seront créées.
Produit Intérieur Brut par habitant versus Indice d’Initiative Solidaire par habitant : quelle est la vraie valeur d’un pays ?
Les investisseurs classiques vont pouvoir disposer d’un nouveau champs de possibilités d’évaluation d’un territoire, d’une région, d’un pays : celui de la capacité d’une population à se prendre en charge, à générer de la solidarité positive, à produire de la valeur en dehors des classiques indices économiques ou publics.
Un des enjeux de l’économie mondiale : Disposer de nouvelles sources de développement, de nouvelles souches d’investissement.
Imaginons la scène. Un gestionnaire de fonds se trouve face à deux pays dont le PIB est quasi équivalent. Comment choisir ? Où aller ? Il découvre que l’un d’eux dispose d’un Indice d’Initiative Solidaire élevé. Qu’est-ce que cela signifie pour lui ? Aujourd’hui. Les éléments dont il dispose ne sont pas suffisants. Demain, il sera détenteur d’informations sur le comportement des populations visées, sur leur capacité à s’organiser, à se prendre en charge. Cela sera considéré comme une ressource humaine à potentiel. Cela pourrait-être pour lui un critère de décision positive en faveur du pays qui fait le plus preuve de solidarité, donc de maturité sociale et sociétale.
Comme nous le voyons, l’indice d’initiative Solidaire devrait représenter un élément d’évaluation rationnel de l’évolution d’une société. Il pourrait être appliqué à un pays, une région, une ville. Il pourrait aussi faire l’objet d’une action en sa faveur, lorsque ce dernier montrerait une évolution négative. En tout cas, il permettrait d’éclairer tous ceux qui recherchent des lieux, des univers où la solidarité entre les individus est présente et active.
L’appel à projet d’un algorithme permettant de créer l’indice d’initiative solidaire est lancé !